Okt In R Pompon - Katha Presents
Radio Pomponcinelle, la Radio qui bat des Ailes (à l'écrit) a le plaisir de vous proposer pour le plus beau mois de l'année (étude comparée disponible sur demande) un petit exercice de style : un cadre et une trame ont été soumise à vos serviteurs et ceux-ci se sont empressés de répandre l'idée parmi des plumes de bonne volonté. En résulte un premier texte d'un auteur qui a fait l'objet de notre dernier post !
***LE SUJET
L'histoire se déroule " dans une galaxie lointaine, très lointaine" où les humains cohabitent avec de nombreuses espèces extraterrestres, à une époque indeterminée. La trame repose sur l'affrontement entre les chevaliers vendredi et leurs rivaux, les seigneurs Pshit. Les chevaliers vendredi comme les seigneurs Pshit sont sensibles à la Puissance, un champ énergétique mystérieuse qui leur procure des pouvoir psychiques, notamment des pouvoirs de télékinésie. Les vendredi maîtrisent le côté Shiny de la Puissance, pouvoir bénéfique et défensif, pour maintenir la paix, tandis que les Pshit utilisent le Côté Bre-som, pouvoir nuisible et destructeur, pour les usages personnels et pour dominer la galaxie.
***La réponse de Katha !
" Pendant la nuit, un genre de pomme de terre gigantesque s'était coincée dans le réacteur. C'est la constatation que tout l'équipage a fait au matin. Et bien coincée, avec une épaisse couche de glace et tout le tralala. Le capitaine était planté là, complètement ahuri. C'était parfait quoi, à peine arrivés, on s'affichait avec l'énorme cul d'une pomme de terre locale qui dépassait du tube impeccablement poli de la veille. La légende des chevaliers Vendredi qui continuait à s'écrire..."
Il fallait agir, la forfaiture était presque signée, les terribles Seigneurs Pschit étaient à la manœuvre.
" Ah, les fils de pute !" ne manqua pas de faire remarquer le premier officier Lancelot.
" Les amis, notre vaisseau doit impérativement repartir, il y a six mois d'ici à Zendora, sans possibilité d'arrêt. Nous devons remettre Sparqueen en état, quoiqu'il en coûte."
La technicienne Sonna s'exprima au nom de tout l'équipage :
" Ça coûte combien de désincarcérer une pomme de terre dans le coin ? "
" Bonne question, répondis-je, si nous avions encore un peu de Puissance, tout ça n'aurait été qu'un petit pépin sur notre route. "
Tous restaient pensifs devant le petit pépin en question quand je pris les devants :
" Lancelot, Blose, Coustrian, vous êtes mes meilleurs hommes, vous mènerez cette mission au nom des Chevaliers Vendredi. Traversez courageusement le désert brûlant et rendez-vous à la ville la plus proche. Là-bas, vous chercherez la source de Puissance que les Seigneurs Pschit ont canalisé pour nous nuire et reviendrez nous sortir de ce mauvais pas pendant que Sonna et moi protégerons l'appareil. Et n'oubliez pas de défendre les locaux contre ces malfaisants ! "
J'inspectais une dernière fois ces braves. Blose paraissait terrible dans sa veste de cuir et son slim de polychimère, un cutter laser effrayant dépassant de la ceinture. Coustrian intimidait par sa simple carrure, si ce n'était pas par son regard vif. Lancelot, malgré sa silhouette rachitique, vous regardait toujours comme s'il hésitait entre vous couper les doigts ou la langue. Nul doute que les Seigneurs Pschit allaient en avoir pour leur argent.
Après leur départ, nous entreprirent de nous installer confortablement aux abords du vaisseau, la technicienne Sonna et moi-même, l'œil vigilant au moindre signe d'une attaque ennemie. Mais le perfide désert alien nous accablaient de chaleur, et nos poumons d'humains réclamaient avidement de l'air pur.
" Il vous reste des clopes Cap'taine? "
Avant que j'aie pu ouvrir la bouche, un fracas infernal à l'arrière du vaisseau fit trembler la terre. Nous bondîmes sur nos pieds, prêts à donner chèrement notre peau.
"Bon ben, ça a fondu", dit simplement la technicienne Sonna devant le prodigieux tubercule planté dans une dune.
Le soleil avait eu tôt fait de le desceller de sa couche de glace et nous libérait gracieusement de cette planète hostile. Nous crûmes un moment que c'était Dame Fortune qui nous souriait. La réalité, c'est que nous étions en grand danger.
Un voile de ténèbres s'abattit sur nous. Dans un vrombissement infernal, un énorme vaisseau obsidienne descendit du ciel, éclipsant le soleil, soulevant des volutes de sable noir. Des silhouettes sombres émergèrent lentement des abysses de ce monolithe. Nous étions faits ! Les Seigneurs Pschit nous avaient repérés. Les sept Seigneurs formèrent un arc de cercle autour des deux Chevaliers.
"Cap'taine, Cap'taine, guettez les deux miskines !"
Je hurlai de rage :
" Impossible, bande de voyous, comment vous avez pu nous repérer en plein désert ?!"
Le capitaine s'avança, menaçant, terrible, blouson noir et regular motif kilt. Une crête verte aux proportions cosmiques lui arpentait le crâne. Son visage bardé de piercings se déforma en un sourire moqueur.
" Vous êtes guez les frérots, on vous voit scintiller de l'espace avec vos jantes alu."
La technicienne Sonna sembla apprécier le compliment mais je redoublais :
" Vous allez payer pour vos actes. Nos camarades sont en route en ce moment même, les bras chargés d'artefacts. Nous allons vous faire connaître le pouvoir de la Puissance !"
Les malfrats s'exclaffèrent.
" Vous l'avez cap'taine ? Ils ont même pas de Puissance les losers."
Le sourire du Capitaine s'élargit, ses yeux se mirent à luire d'un pouvoir abyssal. Toute la clarté du jour se retira. Les pieds des sept silhouettes quittèrent le sol tandis que des arcs électriques s'égayaient dans l'obscurité des dunes. Nous restâmes là, tremblants, impuissants, tandis qu'ils redescendaient au sol avec la souplesse du chat.
" Maintenant vous allez nous filer votre autoradio. "
" C'est absolument scandaleux ! Nous devons nous rendre sur Zendora pour une mission de la plus haute importance, et qui ne vous concerne même pas ! Votre acharnement sur les nobles Chevaliers Vendredi n'a aucune raison d'être. "
" C'est le côté bre-som mon gars, vous avez pas la ref, déclara gravement un de ses acolytes. "
" Et vous allez faire quoi en fait ? reprit le capitaine, goguenard. Vous êtes là, cul nu dans le désert, tu perds, tu payes, c'est la vie mon bebou. Ou alors tu veux que je sorte le stylo bic ? "
Sans me laisser le temps d'une réponse, il dégaina le manche chromé d'un sabre laser flambant neuf, et activa dans un crissement une lame verte incandescente.
"Wesh ! s'exclama la technicienne Sonna, vous avez eu ça où ? "
" Pas mal hein ?" ricana le capitaine en lui laissant l'épée mythique pour qu'elle puisse l'examiner. Plutôt sympa d'être du côté bre-som, c'est mieux que vos couteaux à pain. "
Sonna restait perdue en pleine contemplation de l'artefact, tandis que je n'avais d'autre choix que de les laisser monter à bord, ne voyant toujours pas revenir mes hommes. Pendant que ces vauriens pillaient littéralement notre vaisseau, le capitaine vint s'adosser à côté de moi.
" Zendora hein ? dit-il en allumant une cigarette. C'est pas à côté, ça va vous faire un sacré roadtrip. Vous savez quoi, on est pas des rats, on a tout un stock de photowasabi dans les cales, on va vous les charger, en mode magnanime. "
" Super ça..." marmonnais-je, défait.
Je dus encore hurler après ces rebuts pour qu'ils n'embarquent pas le pare-brise de la salle des commandes. Après une heure de ce déménagement, les Seigneurs Pschit disparurent dans leur vaisseau noir comme la nuit.
Lorsque mes hommes revinrent, ils étaient déjà loin. Le reste de l'équipage voulut évidemment savoir pour quelle raison le mot "sale" avait été rayé en grand sur le fuselage, ou bien pourquoi toutes les poignées de porte avaient disparues. Affaibli, meurtri, j'ordonnais néanmoins aux Chevaliers Vendredi de nous mettre en route sans plus attendre vers Zendora, pour un périple long et sans surprise. Il fallut que nous entrâmes en vitesse supraluminique pour que le premier officier Lancelot constate qu'ils avaient retiré les commodités.
" Ah, les fils de pute ! "