Evade - Episode 3 - Morphée et Dévore-rêves

Aujourd'hui, suite et fin des entités peuplant l'Evade. A la rencontre des Morphées et de l'odieux Dévore-Rêve.

*** Morphée ***

Les protégés des Morphées ont un rapport au réel du monde moins tangible, plus flottant. D'aucuns diront qu'ils ont des difficultés à y garder pied, d'autres à s'y accrocher. Certains se sentent déphasés ou "pas à leur place".

Il n'est pas rare qu'un Morphée, au contraire des autres entités soit volontairement convoqué par son protégé pour l'emmener dans un au-delà onirique, loin d'un tumulte de réalité difficile à assimiler. Comme une drogue arrache le consommateur à la douleur du manque, du mal-être, ou du trouble qui l'habite. Il offre un substitut de vie à ceux qui cherchent une voie dérobée à travers les rêves.

Bien que le tableau semble sombrement bigarré, les Morphées ne s'intéressent pas qu'aux pauvres hères de la santé mentale, recroquevillées dans les méandres d'une psyché défaillante, loin de là. Ceux-là, paradoxalement, sont plus souvent les proies du Dévore-Rêve. Eh oui, encore lui. Les Morphées suivent les personnes qui ont besoin d'oublier un quotidien harassant, sans pour autant sombrer dans le désespoir. On s'abandonne dans les bras de Morphée, on se fait kidnapper par Morphée, on se laisse disparaître, emporté dans une folle aventure qui n'a aucun sens pour le commun des mortels au réveil. Le Morphée est un empêcheur de ruminer en rond, il apporte de l'imaginaire et de la couleur où il y a du gris.

Étonnement, l'Evade a recensé des cas de personnes finissant par devenir leur propre Morphée quand la vie éveillée devenait insupportable. Ils sortaient du monde en inventant toutes sortes d'histoire. Pas forcément des mensonges. Mais des histoires qu'ils racontaient ou non. Et si leurs interlocuteurs n'y entendaient que douces balivernes, leur auteur pouvait s'en retourner, un doux sourire au coin des lèvres…

*** Dévore-rêves***

Quand une personne cesse totalement d'avoir de l'espoir même au cœur de ses nuits, elle dépérit. Qu'elle se laisse mourir ou mette fin brutalement à ses jours, elle est perdue pour tout le monde. Une personne dans ce cas est victime du dévore-rêve.

Il agit simplement : il fait en sorte que les nuits deviennent un enfer supplémentaire. Certains ne vivent plus qu'une demi vie, assommée par l'alcool ou les drogues consommés en grande quantité. Ils se perdent eux-mêmes. D'autres s'abrutissent de calmants pour dormir et ne vivent que l'enfer de la journée. Ils luttent à leur manière contre le Dévore-Rêve. Ils l'empêchent d'entrer... d'aucune diraient, à quel prix.

Et enfin, ceux qui craquent : les journées sont mauvaises, immondes, invivables et suivies de nuits peuplées de cauchemars et d'horreurs. Incapable de se ressourcer les yeux clos, leur moral décline doucement puis de plus en plus vite jusqu'à une fin. Bien entendu, quand le Dévore-rêve parvient à détruire toutes les barrières dressées par la psyché, pour finalement s'installer de manière pérenne auprès d'un dormeur, celui-ci est en danger mortel et seul un retour à meilleures nuits peuvent in fine le sauver.

Avant d'arriver à de telles extrémités, il est possible que le Dévore-Rêve s'invite, pour une nuit ou deux, quand l'esprit, fébrile ou vulnérable crie sa détresse à travers l'Evade. Il est alors attiré par cette peur nourricière. Toute personne qui s'est déjà réveillée traumatisée par un cauchemar par lequel elle se sent poursuivie toute la journée, a passé sa nuit veillée par le Dévore-Rêve.


Ce troisième épisode clôt, pour le moment, la série relative à l'Evade. Nous espérons que vous avez appris à reconnaitre votre protecteur nocturne et que vous aurez à cœur d'éloigner le Dévore-Rêves !

Radio Pomponcinelle, à vous les Studios !